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Les Créatifs Culturels : l’émergence d’une nouvelle conscience
Regards sur les acteurs d’un changement de société

Éditions Yves Michel, parution en librairie le 27 mai 2016
15 €, 200 pages

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« Un livre très instructif, intelligent et visionnaire. »

Marc Luyckx Ghisi, philosophe et mathématicien belge pionnier du changement de paradigme.

 

Synthèse

Alors que la société occidentale moderne arrive à bout de souffle, une véritable dynamique collective grandit dans la société civile. Partout dans le monde, des milliers d’individus ont pris la ferme décision de ne plus soutenir un modèle capitaliste, compétitif et patriarcal en déclin.

Ils construisent leurs propres maisons passives, mangent bio et local, boycottent la grande distribution, expérimentent une démocratie participative, deviennent entrepreneurs sociaux, cultivent la terre, rejoignent des banques éthiques ; ils se questionnent sur le sens de leur vie et s’imprègnent de différentes formes de spiritualités ; ils voyagent, innovent, réinventent le lien social et inspirent un nouvel élan de liberté et d’émancipation, au niveau collectif et individuel.

Engagés et en quête de sens, les Créatifs Culturels sont les pionniers, à échelle mondiale, d’un véritable changement de civilisation.

À travers une enquête de terrain et des références historiques et sociologiques majeures, je présente une vision globale et synthétique des grands enjeux planétaires, de ses différents acteurs d’hier et d’aujourd’hui, en abordant des disciplines et thématiques extrêmement variées.
Le XXIe siècle s’apprête à vivre des mutations sociétales, culturelles, environnementales et épistémologiques profondes et inédites.

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Depuis une quinzaine d’années, une véritable dynamique collective grandit dans la société civile : des individus engagés, optimistes et en quête de sens mettent en place des initiatives concrètes pour inventer un nouveau modèle de société, fondé sur des valeurs de coopération, de partage, de bienveillance. Engagement collectif et individuel se mêlent ensemble pour tenter d’apporter des réponses à cette question : comment vivre au quotidien sans collaborer à la destruction du vivant et à l’exploitation de l’Homme par l’Homme, tout en participant à une société juste et conviviale ?

Dès la fin des années 80, deux sociologues américains observèrent les balbutiements de cette dynamique de société et démarrèrent une immense enquête de terrain, durant plus de quatorze ans, auprès de cent mille américains. The Cultural Creatives : How 50 Million People Are Changing the World paraît en 2000 aux États-Unis et sera traduit en français un an plus tard, sous le titre L’émergence des Créatifs Culturels, enquête sur les acteurs d’un changement de société. Pour Yves Michel, éditeur de la version française, « les résultats de l’enquête sociologique réalisée par Paul Ray et Sherry Ruth Anderson marqueront un jalon d’une véritable mutation de notre culture occidentale. Le système « moderniste », décrit dans le cours de l’ouvrage, est en effet clairement incapable de parer aux impasses humaines et écologiques qu’il a générées. » Les auteurs identifient deux grands courants socioculturels aux États-Unis : les traditionalistes dont les valeurs sont tournées vers le conservatisme religieux et culturel, figées dans une forme de patriarcat ; et les modernistes, animés par le progrès technologique, l’argent et la réussite sociale, soutenant une vision du monde tant individualiste que matérialiste.

Mais au milieu de ces deux courants émerge progressivement une « troisième voie », incarnée par des individus qui ne se reconnaissent ni dans la modernité actuelle, ni dans une vision du monde archaïque et passéiste. Ils représenteraient 24 % de la population américaine et seraient à l’origine d’une profonde transformation culturelle et sociale aux États-Unis – vivant en accord avec de nouveaux systèmes de valeurs, comportements, modes de vie ; abordant une approche du monde à la fois humaniste, intégrale et holistique. Ces acteurs du changement, présents partout dans le monde, Paul Ray et Sherry Anderson les nomment « Créatifs Culturels ». Ils identifient quatre grands pôles de valeurs qui les définissent :

– L’écologie (incluant l’alimentation biologique, les médecines douces, la consommation éthique et responsable) ;
– L’ouverture aux valeurs féminines (impliquant à la fois des valeurs comme l’écoute, l’empathie, etc. ; mais questionnant aussi la place des femmes dans la société) ;
– La spiritualité, le développement personnel, l’introspection ;
– L’implication sociale, la mise en place d’initiatives solidaires, participatives et citoyennes.

Si la part « écolo », « activiste », « altermondialiste » est importante chez les Créatifs Culturels, ils ne se réduisent pourtant pas à cela : la spiritualité est une composante essentielle dans leur relation au monde et aux autres. « Ce qu’il y a de plus surprenant avec ces Créatifs Culturels, notent Ray et Anderson, c’est leur manière de traiter ensemble et sur un même front les questions spirituelles et les problèmes sociaux. » Le rapport à la Nature et au sacré, la question du sens de nos propres existences, la place du transcendant sont autant d’interrogations qui animent les Créatifs Culturels.

A la fois engagés dans une « écologie intérieure » (respect de soi et des autres, bienveillance, relations de paix, etc.) et une philosophie de l’action responsable (initiatives écologiques, sociales, etc.), les Créatifs Culturels éprouvent un sentiment de responsabilité et d’urgence face aux grands enjeux du XXIe siècle. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’Homme met en péril sa propre espèce : surexploitation de ressources naturelles finies, destruction des écosystèmes et de la biodiversité nécessaires à la vie, pollution extrême, dérèglement climatique alarmant. Face à ces bouleversements imminents, une seule voie semble souhaitable : un changement de paradigme. Autrement dit : une transformation profonde de notre manière de percevoir, de penser, de juger, d’agir.

Les Créatifs Culturels, avant de représenter une certaine culture, représentent une « conscience » particulière, une sensibilité.
Une sensibilité qui ne date pas d’hier. Dès le XIXe siècle, les romantiques et les poètes du transcendantalisme américain remirent en question les fondements de la modernité – rationalisme, mécanisation, individualisme, capitalisme, désenchantement du monde – tout en aspirant à un certain idéal d’harmonie entre l’Homme, la société et la Nature.
La contre-culture des années 50 à 70 s’inscrit dans cette même quête d’un monde juste, mêlant tout à la fois utopie libertaire ancrée dans une culture alternative et recherche de spiritualité. Dans la droite lignée de la conscience écologique propre à la contre-culture sixties, les années 80 marquent en Occident le début d’une prise de conscience lente et progressive dans la société civile de l’urgence écologique et climatique, qui ne sera que plus forte dans les années 2000.
C’est dans ce contexte que paraissent les Créatifs Culturels, héritiers des mouvements contestataires de la contre-culture : des individus ayant une conscience globale de la crise de la modernité, aspirants à construire un nouveau paradigme, fondé entre autre sur la créativité, la solidarité, la transdisciplinarité. Des originaux, souvent, qui se heurtent sans cesse à cette « hypermodernité » qu’ils rejettent, faisant naître chez eux un sentiment d’isolement, de solitude. Mais en une quinzaine d’années, la dynamique des Créatifs Culturels s’est beaucoup intégrée dans nos sociétés occidentales ; certains gestes et comportements s’étendent et emportent l’adhésion d’un public de plus en plus large et diversifié : le bio, le végétarisme, l’économie circulaire, le développement personnel, l’implication solidaire, la reconversion professionnelle, etc.

Ainsi, progressivement, les Créatifs Culturels prennent conscience qu’une dynamique collective impactante prend forme, et se trouvent confrontés à tout un univers : une « nouvelle » culture, de nouveaux modes de vie, de nouvelles pratiques. Ils réinventent l’économie, l’agriculture, l’énergie, les médias, la santé, l’éducation, le voyage, l’habitat : vivre mieux avec moins, parfois ; mais dans tous les cas, vivre autrement, dans le respect de l’Homme et de la Nature.
Malgré une base commune, cette nouvelle culture revêt des réalités très contrastées et hétérogènes : si certains surfent sur des secteurs de plus en plus perçus comme « à la mode », d’autres font des choix très radicaux, quitte à avoir des problèmes avec la justice ou à se mettre en danger : la volonté de vivre suivant ses convictions est telle qu’elle dépasse parfois le besoin de confort ou la légalité.
Plus qu’une implication à échelle locale, de nombreux Créatifs Culturels sont les acteurs de mouvements activistes à échelle nationale : d’Occupy Wall Street aux Indignés, en passant par Anonymous ; de nouvelles formes d’activisme, plus intellectuelles et créatives, organisées en réseaux, permettant de faire exister de nouveaux profils militants, où converge à la fois action et introspection. D’après Bruno Marion, spécialiste des mutations culturelles et sociétales, la sensibilité Créatifs Culturels augmente régulièrement de 3 % par an, et pourrait à terme représenter une masse critique majoritaire dans le monde.

 

L’histoire du livre

Durant l’année scolaire 2014 – 2015, j’étais en Master 2 Stratégie du développement culturel, mention Publics de la culture et communication à l’Université d’Avignon. Notre Master mêle à la fois expérience professionnelle et parcours Recherche. J’ai fait mon stage de fin d’année chez TEDxParis, où je travaillais sur l’événement « L’Échappée Volée », entre entrepreneuriat social et conférences.

Parallèlement, nous devions écrire un mémoire. Le choix du sujet était pour moi une évidence absolue. Mon été 2015 fut entièrement consacré à la rédaction de ce travail. Entre références bibliographiques et enquête de terrain se dessinait en filigrane mon cheminement intellectuel et mon parcours personnel jusqu’ici.
Un an plus tôt, en Lettres Modernes, j’avais réalisé un mémoire intitulé Les spiritualités orientales dans le Grand Jeu et la Beat Generation. La conclusion de ce premier mémoire ouvrait sur les Créatifs Culturels.

J’ai soutenu mon mémoire le 17 septembre 2015. C’était la clôture finale de toutes ces longues années d’études. Quand à la fin de la soutenance mon directeur de mémoire Damien Malinas m’a demandé ce que je souhaitais désormais faire, j’ai répondu :

« Publier mon mémoire et faire un tour du monde des Créatifs Culturels »

Et c’est très exactement ainsi que les choses se sont passées.
(ou presque !)